par Serge Grossvak
Lorsque l'Europe dit NON c'est Niet.
Quelque soient les proportions, les populations Catalanes ont manifesté d'intenses engagements politiques, ainsi qu'une divergence forte. A cette crise et à ce défi démocratique, l'Europe n'a répondu que par une main de fer à peine camouflée d'un gant de velours.
La pax Europa est une paix de domination.
L'usage de la matraque de si mauvaise image est laissé autant que possible aux politiques locaux toujours interchangeables, si nécessaire. Ce sont sur d'autres leviers de pouvoir que s'appuient les instances monarchiques Européennes : l'arme financière et l'arme médiatique.
L'arme financière est si aisée à manœuvrer lorsque tous les leviers ont été repris par la caste dominante : évacuation des richesses fiduciaires, étranglement du crédit, si nécessaire asphyxie monétaire comme pour la Grèce. En 1936 en France, déjà, ce « mur de l'argent » avait soumis un Front Populaire manquant de détermination.
Et pour couvrir ce diktat, la peur sur le peuple désobéissant, l'injonction à l'acceptation. Les médias sont mis à la basse œuvre. La peur du chaos, la peur de la misère, la peur du pays décrochant du train des dominants. La peur pour décrocher la part hésitante de la population, nommée « modérée ».
La méthode s'affine. Il en fut pour la Catalogne, comme précédemment pour la Grèce, pour les aventures militaires mais avec plus de maitrise que lors de la première guerre du Golfe. Ce sont des phases de crise aiguë où les médias sont particulièrement mis en propagande. Le fonctionnement d'un pays avancé diffère de la dictature par le procédé. Lorsque le dernier s'affaire à interdire toute expression non conforme, le premier, plus finement, s'attache à contrôler le refrain dominant qui seul marquera les consciences communes et s'inscrira dans le temps. A intervalles réguliers une musique lancinante sera répétée de bouche en bouche de journalistes. La leçon est donnée. Quel bon présentateur et journaliste de quelque importance n'a pas répété les petites phrases qui lui avaient été susurrées ? « Le vote était un coup d'état » (à l'égard de la Catalogne comme ce fut pour la Grèce). Le Président de la Catalogne comme le premier ministre Grec (avant qu'il ne se couche) ne sont que des aventuriers, des politiques de pacotille. Les mesures votées sont « anti constitutionnelles » pour la Catalogne, « contraire aux traités » pour la Grèce. Et vogue la petite musique. Malheur au journaliste qui oserait s'affranchir de la doxa de crise, mieux vaut qu'il soit proche de la retraite.
En cela la Catalogne constitue une leçon toute aussi marquante que la leçon Grecque : ainsi combat la caste dominante. Pour qui aspire à échapper à cette emprise impériale voilà qui implique deux engagements. Le premier fait déjà parti de la stratégie des principales forces progressistes : faire appel au peuple en continu, pour franchir chaque étape décisive. Le référendum Grec, gagné et bafoué, faisait déjà parti de cette démarche. Le second induit un engagement de plus grande envergure, et plus précoce, plus international. Nous avons à poser l'exigence démocratique du respect des choix des peuples quels qu'ils soient, pas uniquement d'émancipation des lois des marchés. Nous avons à ré inventer dans un même mouvement la démocratie et le fonctionnement de cette démocratie à l'international. La question des lois et de leur respect, rêvée comme libératrice des droits humains et épargnant de la violence, est à nouveau posée parce que leur conception a été détournée par les méprisants aux pouvoirs. En tout lieu, en tout pays, le mouvement d'émancipation doit dans ses premiers pas être à l'initiative d'un projet démocratique et pacificateur.